Analyse SOAR : misez sur vos forces et sur les opportunités de votre environnement
Forces, opportunités, aspirations et résultats : tels sont les quadrants de la grille d’analyse SOAR qui vient compléter, ou prolonger, un outil de planification stratégique mobilisé depuis des décennies, le SWOT. Dans le questionnement SOAR qui se concentre sur ce que l’organisation réussit, les parties prenantes sont associées pour contribuer à donner une vision 360° du système. Comment exploiter pleinement le potentiel de cette matrice, tout en stimulant les équipes ? Nos éléments de réponse.
1 – Connaissez-vous vraiment l’analyse SOAR ?
Cet acronyme, qui regroupe les termes Strengths, Opportunities, Aspirations, Results, renvoie aussi au verbe anglais soar : grimper, monter en flèche. C’est un outil d’évaluation développé par deux experts en management, Jacqueline Stavros et Matthew Cole, avec une ambition simple : aider les organisations, confrontées à une accélération des changements, à mieux appréhender leur potentiel et à guider leur action – en termes de réflexion et de planification stratégiques. L’un des bénéfices la grille d’analyse SOAR est l’amélioration de la performance, individuelle ou collective.
Ce cadre conceptuel, mais aussi pratique, vise tout d’abord à permettre aux entreprises de comprendre comment leur système opère. Au lieu d’envisager l’organisation comme une « machine » faite d’éléments distincts ayant chacun un mode de fonctionnement autonome, l’analyse SOAR identifie les dynamiques intégratives qui existent dans les relations et les interactions entre les collaborateurs, les services, les fonctions. Ce faisant, elle permet de « repérer » les contributions décisives qui font la différence. Sachant que l’une des particularités de l’analyse SOAR est d’impliquer des collaborateurs de tous métiers et de toutes fonctions. Des acteurs externes peuvent aussi être associés : clients, fournisseurs, actionnaires – toutes celles et ceux qui ont « intérêt » à la réussite de l’organisation.
Considéré comme le complément de l’analyse SWOT (ou son prolongement), le SOAR met l’accent uniquement sur les éléments positifs, pour en faire des leviers. Il ne s’agit pas de corriger les points faibles mais de développer les forces, ressources et opportunités en phase avec les projets stratégiques ou la conduite du changement. Rappelons que le SWOT s’attache, lui, aux forces et faiblesses en présence (en interne), ainsi qu’aux opportunités et aux menaces issues de facteurs externes.
La principale plus-value du modèle SOAR est donc de fournir un autre prisme pour envisager la situation sous tous les angles : celui d’une vision positive des atouts, visibles et/ou sous-estimés, que chaque organisation possède pour atteindre ses objectifs. En permettant de raisonner avant tout en termes de ressources, il va engager l’interne dans une démarche co-construite, constructive et engageante.
2 – Découvrez le rôle des 4 piliers de cette grille d’analyse
L’analyse SOAR s’articule autour de quadrants, formalisés dans une matrice. Le quadrant des forces vise à établir une liste précise des ressources, atouts et compétences dont bénéficie l’organisation, les spécificités culturelles et différenciations concurrentielles sur lesquelles elle s’appuie pour mener à bien ses projets. De multiples questions peuvent ainsi alimenter votre réflexion : quels sont vos points forts en termes RH ou de process ? Vos principales réussites collectives ? Quelles leçons pouvez-vous en tirer ? Comment votre écosystème vous perçoit-il ? Quelles sont vos compétences-clés, et en quoi représentent-elles un atout face à la concurrence ? Que recherchent vos clients et partenaires, et comment y répondez-vous ?
La même logique s’applique aux trois autres quadrants, comme celui des opportunités. À cet égard, le travail va consister à identifier les obstacles et menaces pesant sur l’organisation – par exemple, les difficultés de recrutement sur des métiers en tension, ou l’obsolescence annoncée du cœur de business. La démarche consiste alors à renverser la perspective pour transformer ces risques en opportunités : par exemple, mettre en valeur les éléments-clés de la promesse employeur, mobiliser l’interne pour innover et inventer de nouveaux produits ou services, etc.
Ces deux étapes vont permettre de tracer des perspectives d’évolution : comment votre organisation souhaite-elle se développer ? Quelles valeurs désirez-vous promouvoir ? Quelle feuille de route voulez-vous adopter, à court et moyen termes ? Cette démarche « aspirationnelle » peut être au service de la définition d’une raison d’être, de la transformation de la culture managériale ou d’un repositionnement stratégique, notamment. C’est aussi l’occasion de repenser les relations avec les parties prenantes, internes comme externes, et le rôle qu’elles peuvent jouer dans la concrétisation des ambitions de l’entreprise.
Le dernier quadrant de la matrice est celui des résultats : quels objectifs concrets visez-vous ? Quelles ressources allez-vous mobiliser pour les atteindre ? Comment évaluerez-vous vos progrès et vos marges d’amélioration ? Comment valoriserez-vous les efforts engagés ?
3 – Déployez votre démarche de planification stratégique en mode SOAR
Attachez-vous à suivre les étapes et à réunir les ingrédients suivants :
- Tout d’abord, formez une équipe projet : il est important qu’elle soit représentative des différentes fonctions opérationnelles et support, afin de refléter l’ensemble de vos enjeux et objectifs. Elle peut également intégrer, si c’est pertinent, des partenaires commerciaux ou des clients. L’objectif est de disposer d’un kaléidoscope de perceptions.
- Ensuite, utilisez la grille d’analyse SOAR : elle va servir à organiser et structurer les données issues des réflexions de l’équipe. Des questionnaires peuvent être réalisés pour recueillir les réponses, lesquelles seront analysées collectivement par la suite.
Si la réflexion se veut commune, la démarche nécessite de confronter le point de vue de chacun. Chaque participant doit d’abord apporter sa contribution sur l’ensemble des quadrants, avant de la partager avec les autres. Les suggestions sont mises au pot commun, avant que le groupe les examine pour en évaluer la pertinence. Certaines ne sont pas retenues, d’autres, mises de côté. Celles qui fédèrent vont être reportées, de façon synthétique, dans la matrice.
4 – Capitalisez sur les bénéfices de l’analyse SOAR tout en ayant conscience de ses limites
Outil de visualisation et de cadrage, le SOAR va permettre à l’organisation de planifier son avenir et d’assurer sa performance, voire de l’accroître. En cela, il contribue directement à la prise de décision. L’analyse SOAR nourrit aussi la cohésion interne autour d’objectifs partagés, que les parties prenantes ont directement dessinés. Cette évaluation croisée des forces, opportunités, aspirations et résultats participe de la création d’une vision commune tout en favorisant la prise d’initiative. Elle agit également sur la transformation des idées en innovations susceptibles d’être concrétisées.
En recourant à cette méthode, vous allez contribuer à mettre en évidence les enjeux, encourager l’intelligence collective, favoriser l’engagement et créer une véritable dynamique dans la réalisation d’un projet, dans la mise en œuvre d’un changement ou dans l’élaboration puis le déploiement d’une nouvelle stratégie. C’est aussi la force de l’outil : s’adapter à des défis opérationnels, à l’échelle d’un service, d’une Business Unit ou de l’organisation.
Toutefois, la grille d’analyse SOAR présente certaines limites. Cet outil ne peut se substituer à l’ensemble des méthodes pertinentes de planification stratégique. Ainsi, il est fréquent que d’autres éléments doivent être pris en compte, comme les contraintes spécifiques à l’organisation ou les évolutions du marché, qui nécessitent de repenser le positionnement business.
Par ailleurs, le fait que la matrice SOAR ne prenne en compte ni les faiblesses ni les menaces (contrairement à l’analyse SWOT), pourrait affaiblir sa pertinence. À cet égard, soulignons néanmoins que, dans leur ouvrage Learning to SOAR publié en 2021, Jacqueline Stavros et Gina Hinrichs battent en brèche cette critique. Elles expliquent en effet que ces dimensions ne sont pas ignorées mais reformulées, considérées sous un angle positif et constructif en les mettant en perspective des opportunités et des résultats.
>> À retenir >>
- SOAR est un outil d’analyse au service de la planification stratégique, articulé autour de 4 piliers : les forces, les opportunités, les aspirations et les résultats.
- Simple à prendre en main, il accompagne aussi bien la définition de priorités au sein d’un service que le plan stratégique d’une entreprise.
- Activant l’intelligence collective des parties prenantes internes et externes, l’analyse SOAR stimule la positivité des équipes.
- Aussi efficace et fédératrice soit-elle, cette méthode ne peut être la seule mobilisée pour réfléchir à la stratégie ou accompagner le changement.