De l’Église au management de transition : un parcours d’homme au service du bien commun
Le management de transition porté par CAHRA place l’humain au cœur des transformations de l’entreprise. Ce n’est donc pas un hasard si les effectifs du cabinet comportent un « ancien prêtre » comme on dit [1]. Pourquoi Régis Gouraud, en charge de responsabilités conséquentes dans le diocèse de Nantes, a-t-il « quitté » le monde de l’Église pour rejoindre celui de l’entreprise, par le prisme du management de transition ? Qu’y a-t-il de signifiant dans son parcours qui puisse être signifié, et quelles sont les valeurs qui l’animent, qu’il œuvre à diffuser ? Portrait.
Avant le management de transition, un homme de foi engagé dans l’accompagnement humain
Si l’on remonte le cours de l’existence de Régis Gouraud, on le voit prêtre de paroisse durant quatre ans puis, passant du cadre local à un réseau national, chargé d’accompagner des étudiants en faculté, toutes disciplines confondues (Mission étudiante). Aumônier des étudiants, il prend également en charge le réseau des Chrétiens en Grandes Ecoles (CGE). Deux types d’expérience incroyablement riches : au sein d’une paroisse, la confrontation à des situations de vie qui couvrent l’ensemble des questionnements de l’existence, de la naissance jusqu’à la mort ; auprès des étudiants, la vitalité de leur accompagnement (pèlerinages, formations…), avec la possibilité d’élargir le spectre d’un ministère jusqu’alors circonscrit géographiquement.
Régis Gouraud ne souhaite toutefois pas devenir « spécialiste » de la pastorale des étudiants. Pour lui, l’expertise la plus fine est celle de la vie ; on ne juge pas la qualité d’une personne sur ses diplômes. Cette déférence à l’égard des spécialistes lui semble d’ailleurs spécifique au monde occidental, ultra technicisé.
Huit ans plus tard, désireux de développer sa patte humaine, Régis Gouraud devient curé de paroisse [2], intervenant dans plusieurs églises. Il y rencontre toutes les pépites d’une humanité qui nourrit le regard des prêtres sur le monde. Et lorsque l’évêque de Nantes le sollicite pour devenir vicaire épiscopal, il acquiert une posture de gouvernance, intervenant sur l’accompagnement, la formation des laïcs et des prêtres, les questions de ressources humaines, de finances et d’immobilier. En résumé : il entre au Codir [3]. Pas n’importe lequel ! Nantes est en effet le 5e diocèse de France avec 400 salariés, 300 prêtres et plusieurs milliers de bénévoles. Une différence majeure : ce n’est pas la performance économique qui est prioritairement visée mais l’évangélisation [4], principe originel de la foi chrétienne.
Différents questionnements amorcent sa transition vers le monde du travail
Le point de départ : une conférence de Marc Halévy, physicien et philosophe, qui explore la succession de « cycles de vie » d’une durée de 500 à 600 ans dans l’Histoire. Le profond changement de paradigme que nous vivons actuellement – Internet, nanotechnologies, flux migratoires, écologie -, s’y inscrit. Dès lors, comment l’Église peut-elle répondre à ces mutations ? Difficile de faire bouger cette « vieille dame » … Et pourtant, ses pratiques managériales multiséculaires, désuètes à certains égards, sont en avance de phase à d’autres – car elle est experte en humanité. Son patrimoine « d’épaisseur de temps » apparaît hors normes, que l’on pense à la gouvernance ou au management.
Chez Régis Gouraud d’autres interrogations naissent, liées à l’enseignement et à la tradition de l’Église, dans ses approches théologiques ou philosophiques et dans ses pratiques, sur des sujets sensibles – divorcés remariés, place des femmes dans l’Église, célibat des prêtres. L’opacité et la lenteur qui président alors au traitement des cas de pédophilie au sein de l’institution, le heurtent [5].
Régis Gouraud demande donc à pouvoir s’ancrer dans le monde du travail. Coaché professionnellement, accompagné spirituellement et psychologiquement (pour « vérifier » la cohérence de son repositionnement), il effectue un bilan de compétences, reprend ses études et obtient un master 2 RH. Un stage chez CAHRA lui ouvre les portes du management de transition. En effet, la valeur ajoutée humaine d’un tel parcours de vie n’échappe pas au président-fondateur de CAHRA, Emmanuel Buée.
Pourquoi le management de transition ? Des valeurs à déployer au cœur des organisations
Très vite, les similitudes entre son monde « d’origine » et celui de l’entreprise frappent Régis Gouraud. Prenez la sémantique : combien d’expressions utilisées de part et d’autre ? Le terme d’évangélisation en offre un exemple, bien que le sens diffère sensiblement selon le « lieu » où on l’emploie. L’alliance de la foi et de la raison irrigue aussi les organisations, comme les deux ailes d’un oiseau qui permettent de prendre de l’altitude et d’aller plus loin [6], « aux périphéries existentielles ». Chez CAHRA, cette alliance s’inscrit dans les process, leur donnant toute la robustesse nécessaire. À l’inverse, « l’âge des excès » est responsable de bien des dérives, lorsque les références, méthodes organisationnelles et modes de management deviennent univoques et sans remise en question possible.
Mais ce qui guide Régis Gouraud aujourd’hui comme hier, ce sont des valeurs telles que la confiance dans le potentiel humain ou le partage et la transmission. Cela se traduit ainsi : quel que soit le positionnement d’une personne dans une organisation – et plus encore à des postes de direction -, elle a davantage besoin de témoins que de maîtres. Un manager doté de la meilleure expertise technique, s’il est « handicapé » dans ses relations, produit malgré lui des dysfonctionnements qui affaiblissent la qualité de ses réponses d’ordre technique. Pour sa part, un manager habité par sa mission se fait témoin au service de ses collaborateurs, avec lesquels il partage des ressources, des interrogations, des découvertes.
Alors que la digitalisation a créé un effet d’accélération dans les organisations et face aux mutations à l’œuvre à divers égards, le besoin « d’intériorité » s’accroît paradoxalement – demeurer au cœur d’une situation plutôt que de pratiquer le zapping en permanence, et le mouvement pour le mouvement. Un arbitrage récurrent est nécessaire, pour trouver le bon équilibre.
Ici apparaît une « valeur ultime » pour Régis Gouraud : la quête de vérité. Une recherche qui porte avant tout sur les relations humaines, vectrices de performance en entreprise. Une quête de vérité que l’on retrouve notamment, lors des missions de transition CAHRA, dans la pratique de l’oser dire. Objectif : rendre les relations – avec les équipes et le donneur d’ordres – aussi « vraies » que possible, dans un monde où le positionnement hiérarchique et les querelles de pouvoir créent des rapports de dominants/dominés, ce qui ne correspond pas du tout aux valeurs du management de transition portées par CAHRA.
Celles de Régis Gouraud sont nourries au quotidien et partagées, pour le « bien commun » du cabinet et de ses collaborateurs ainsi que celui des entreprises qui les sollicitent. L’ex-vicaire épiscopal a trouvé sa place dans le monde du travail.
[1] En grec, Presbuteros signifie l’ancien.
[2] Puis curé doyen du pays de Retz (Loire-Atlantique). Dans ce cadre, il participe à une consultation sur le devenir des églises, en compagnie d’un universitaire et d’un sociologue. Leurs réflexions conjointes mettent en lumière la charge symbolique que représente une église, indépendamment des convictions religieuses ou spirituelles de chacun.
[3] Une comparaison qui permet de « visualiser », tout en restant un peu hasardeuse selon Régis Gouraud.
[4] Évangélisation : annonce de la bonne nouvelle (= la résurrection de Jésus), dans la tradition chrétienne.
[5] D’autres institutions concernées par de tels scandales (associations sportives ou éducatives notamment), apportent également des réponses lacunaires.
[6] Il peut s’agir également de l’aile de l’émotion et de celle de l’analyse.
BIO EXPRESS
Directeur régional de CAHRA pour le Sud-Ouest, Régis Gouraud a auparavant exercé des responsabilités au sein de l’Église, dans le diocèse de Nantes – prêtre de paroisse, aumônier des étudiants, curé doyen, vicaire épiscopal.
Il rejoint CAHRA début 2019, d’abord en stage sur la partie RH, puis comme développeur (dimension commerciale). Depuis peu, il assure également l’accompagnement des managers de transition ayant rejoint le cabinet : formation (avec un travail sur l’intelligence émotionnelle et sur la philosophie « pratique »), sourcing et intégration.