Management de transition : l’état du marché au niveau européen
Quelles sont les évolutions majeures en matière de management de transition à l’échelle européenne ? Quelles compétences apparaissent clés pour les managers de transition ? Réponses avec l’étude internationale 2019 [1] de l’agence EO Executives, consacrée au secteur de l’interim management.
En Europe, le management de transition concerne des missions de transformation dans 35 % des cas
Si l’on parle d’interim management dans le reste de l’Europe – et non de management de transition – le métier reste le même. Selon la définition d’EO Executives, il s’agit « de l’apport temporaire d’une ressource externe disposant d’une expertise managériale, au sein d’une organisation ».
Premier constat sur la nature des missions de transition réalisées :
- Le change management arrive en tête – autrement dit, les missions de transformation.
35 % relèvent de ce cas de figure, en progression constante par rapport aux précédentes études d’EO Executives.
- Le gap management (remplacement d’urgence) représente 13 % des demandes et les missions de gestion de crise, 12 %.
À noter : selon le baromètre annuel 2018 de la FnMT (Fédération nationale du Management de Transition), en France 32 % des missions de transition relèvent du gap management, 10 % concernant la gestion de crise.
Quels sont les secteurs « consommateurs » de management de transition en Europe ?
- L’automobile et l’industrie manufacturière mènent la danse avec 30 % des achats.
- Viennent ensuite l’IT et les télécoms (10 %), puis le secteur de la santé et de la recherche médicale (9 %).
- On observe une forte croissance du nombre de missions dans les transports et la logistique (8 % du total).
Quant à la durée moyenne des interventions, elle recoupe sensiblement celle de la France (7 mois) : 22 % se déploient en effet sur 6 à 9 mois et 21 %, sur 9 à 12 mois. Une durée qui augmente de façon constante en Europe à chaque nouvelle édition de l’étude.
Le leadership des managers de transition constitue leur principale force
Exit le profil d’expert technique, encore trop souvent attendu par certaines structures ayant recours au management de transition ?
Selon les interim managers européens interrogés, le leadership et les compétences managériales qui le nourrissent sont leur principale source de valeur ajoutée pour les entreprises (30 % des réponses, devant la capacité à obtenir des résultats opérationnels – 25 %). Soit un bond de 10 % par rapport à 2017 !
Rien d’étonnant dans un contexte de transformation où le rôle des managers de transition est d’opérer le changement avec les équipes en place. Leur capacité à communiquer sur tous les aspects de la stratégie et de la mise en œuvre opérationnelle de la transformation s’avère décisive, tout comme celle de fédérer les collaborateurs.
Autre élément notable de l’étude : 9,59 % des interim managers seulement sont des femmes au niveau européen ! Rappelons qu’en France, 22 % des missions de transition ont été réalisées par des femmes en 2018. Ce très faible taux européen s’explique par la typologie des profils engagés dans le management de transition : les femmes n’ont pas eu l’opportunité, jusqu’à présent, d’accéder massivement à des fonctions de cadres dirigeants. Comme l’indique le dirigeant-fondateur de CAHRA, Emmanuel Buée, la progression sensible observée en France à cet égard constitue un signe encourageant.
À l’heure actuelle, l’augmentation de l’âge moyen des interim managers en Europe [2] renforce néanmoins cette faible représentation des femmes. Alors que les 40-49 ans représentaient plus de 30 % des effectifs en 2015, ils ne sont plus que 18 % en 2019. La reprise économique et les tensions sur le recrutement des cadres nourrissent cette baisse. Pour la majorité des jeunes managers en effet, l’intérim est un moyen de retour à l’emploi. En 2019, 80 % des managers de transition européens ont 50 ans et plus.
Pour conclure, quels sont les principaux défis pour les interim managers d’aujourd’hui ? La pression au travail arrive en tout premier, suivie par le besoin de gagner en crédibilité auprès du top management et les problématiques de budget. Le développement des soft skills et la résistance au changement figurent également dans leur top 5.
[1] Étude menée auprès de 2 890 managers de transition du 10.09.2018 au 21.01.2019 dans toute l’Europe, par l’agence d’interim management et de recrutement de cadres EO Executives. Le volume de réponses enregistrées a permis d’établir des statistiques pour les pays suivants : Royaume-Uni, Allemagne, Italie, France, Belgique, Portugal, Autriche, Pays-Bas.
[2] En France, les 40-50 ans représentent 23 % de l’ensemble des managers de transition en 2018, en hausse de 3 points par rapport à 2017.