Monde VUCA : les stratégies managériales pour naviguer avec résilience
Né en 1987 au sortir de la guerre froide, le terme VUCA est l’acronyme anglophone de volatility, uncertainty, complexity et ambiguity. Il illustre un paradigme aux changements fréquents, imprévisibles, dont la solution ne s’identifie pas facilement. L’ambiguïté émane des trois précédents attributs qui compliquent l’interprétation des informations. Survivre dans le monde VUCA (VICA en français) relève du défi quotidien pour les organisations. Un challenge stratégique qui requiert d’adapter son management et de favoriser l’innovation. Réfléchir out of the box, modifier son processus décisionnel et cultiver l’agilité : autant de réponses aux enjeux critiques imposés par l’environnement VUCA que le manager de transition sait déployer.
Monde VUCA : quand l’entreprise navigue à vue
Un monde volatil, incertain, complexe et ambigu
La mondialisation et les progrès technologiques rendent les marchés volatils et bouleversent les stratégies. L’incertitude reflète la multiplication des informations et des parties prenantes. Les organisations évoluent dans un environnement aux changements dynamiques, aux nombreuses interactions.
Volatilité : les mutations brusques (à la baisse ou à la hausse) et imprévisibles.
Exemple : la bourse.
Incertitude : manque de connaissance et de confiance en l’avenir.
Exemple : la crise COVID.
Complexité : les événements, les intervenants et les sujets sont de plus en plus interconnectés.
Exemple : les conséquences de la guerre en Ukraine sur l’énergie, les céréales, etc.
Ambigu : sans information claire ni problème prévisible, les situations deviennent compliquées.
Exemple : l’hyperconnexion nous rend vulnérable quand une réponse ne vient pas. Le destinataire a-t-il bien reçu le message ? Refuse-t-il d’y réagir ?
Ces quatre piliers du monde VUCA se nourrissent mutuellement. La complexité amène l’incertitude. L’incertitude engendre plus de volatilité.
Conséquences du monde VUCA sur les organisations
Si l’entreprise ne prend pas en considération ce nouvel environnement, elle s‘expose à des stratégies inefficaces, des objectifs inatteignables, une baisse de compétitivité, des mauvaises décisions, des crises internes, des difficultés financières, un absentéisme grandissant, un désengagement des équipes, etc.
Pourquoi le monde VUCA éclipse-t-il le management prédictif ?
Les experts en management invitent à « embrasser » l’incertitude.
Le management prédictif est désuet, car il se base sur un avenir prévu. Comment ? Les organisations identifient un enjeu futur, déterminent les objectifs en lien avec ce dernier et décident des moyens pour y parvenir. Ce modèle de pensée incite à se focaliser sur les projets ambitieux au détriment des petites actions quotidiennes pourtant alignées à la réalité. L’heure n’est plus aux révolutions, mais au concret immédiat.
Le management prédictif est obsolète, car il reprend trois schémas erronés.
- Croire que le monde évolue de manière mécanique et linéaire.
- Penser que l’information permet d’anticiper l’avenir.
- Estimer que concevoir et décider incombe à une seule personne.
L’économiste Friedrich Hayek affirme que de telles attitudes engendrent une posture de confiance excessive en notre capacité à contrôler le monde (syndrome de la toute-puissance).
Se poser les bonnes questions pour sécuriser l’avenir
Réfléchir out of the box : logique effectuale vs logique causale
Face au monde VUCA, les entreprises doivent changer leurs espaces de réflexion. Elles peuvent ainsi lister les clients potentiels (éviter les faux clients*), leurs différents problèmes (ouverture du champ des possibles) et identifier ceux déjà résolus par la concurrence.
* Un faux client : prospect qui ne cherche pas à résoudre le problème que l’on imagine.
Il convient d’oublier pourquoi les choses sont ce qu’elles sont dans un référentiel connu et de réfléchir à ce qu’elles pourraient être dans un autre : la logique effectuale. Elle se tourne vers la finalité et répond à la question.
À l’inverse, la logique causale, largement suivie jusqu’à aujourd’hui, part d’un problème, en cherche la raison et détermine une solution. En conséquence, elle se focalise sur une seule difficulté « toute chose étant égale par ailleurs ». Elle prend le passé comme référence.
Face à l’innovation, c’est risquer de se tromper de client.
La logique causale renvoie au nécessaire quand la logique effectuale appelle aux possibles.
Une plus large vision de l’innovation
Selon la Harvard Business Review, l’innovation est une question de survie dans le turbulent monde VUCA. Mais innover, ce n’est pas seulement élargir une offre proposée, c’est très souvent créer une nouvelle réalité qui transforme le marché.
Anticiper ne suffit plus. Les entreprises doivent avoir une compréhension fine des technologies, des ruptures qu’elles entraînent, des conséquences qu’elles induisent.
Les organisations ont avantage à réfléchir aux effets possibles de leurs produits plutôt que de répondre à un problème identifié.
Les dirigeants et managers doivent reconnaître les idées prometteuses et les favoriser.
L’exemple de l’iPhone
Quand Steve Jobs présenta l’iPhone en 2007, le marché des smartphones satisfaisait la demande. Le magazine Bloomberg écrivit même « l’Iphone est un non-événement, une babiole de luxe ». Aujourd’hui, cette technologie bouleverse nos modes de vie.
La logique causale ne voyait pas l’opportunité d’une telle technologie, car le besoin n’existait pas encore.
Le management paranoïaque
Selon Andrew Grove, ancien président d’Intel, le management paranoïaque préserve du syndrome de la toute-puissance par l’humilité et la prudence. En termes stratégiques, la paranoïa offre un double bouclier :
- face aux hypothèses envisagées, elle rappelle qu’elles peuvent être inexactes ;
- face aux hypothèses mises de côté, elle rappelle qu’elles peuvent être sous-estimées.
Adapter son processus de décision au monde VUCA : l’effectuation
Sarah Sarasvathy, économiste américaine et experte de l’esprit d’entreprise, développe le concept d’effectuation comme alternative aux modèles traditionnels de prise de décision prédictive. Elle repose sa théorie sur trois piliers : l’utilisation des moyens existants, l’engagement dans les expériences itératives et la capacité à favoriser les nouvelles opportunités.
Le principe de l’effectuation propose cinq règles de base aux entreprises pour surfer dans un monde VUCA.
- Faire avec ce que l’on a : inventorier les ressources et les optimiser.
- Réfléchir en perte acceptable. Face à l’avenir incertain, les pertes se quantifient plus facilement que les gains.
- Favoriser un processus organique d’aide et de coopération. Les organisations gagnent à développer les collaborations et les partenariats stratégiques pour absorber la complexité. Aujourd’hui, elles sont obsédées par la concurrence (élément hors de leur contrôle).
- Cultiver le pouvoir de la surprise. La curiosité, les rencontres, les expérimentations aiguisent la capacité à reconnaître les opportunités (volatilité) et à se créer sa propre chance.
- L’avenir se maîtrise dans une toute petite mesure. Comme les philosophes stoïques, les entreprises doivent se concentrer sur les activités qu’elles contrôlent et lâcher prise sur l’incertain.
Cette manière de décider aide à affronter l’incertain et le complexe.
Le livre de S. Sarasvathy, Effectuation : elements of entrepreneurial expertise, a été nominé pour le Terry Book Award 2009 de l’Academy of Management.
Les nouvelles approches managériales pour conduire la transition
Et si repenser les outils du management apportait des réponses pour survivre dans le monde VUCA ? C’est une des missions du manager de transition.
L’agilité pour allier les objectifs à long terme et les actions à court terme
Le manager de transition favorise l’agilité qui repose sur des processus itératifs. La logique agile intègre plusieurs cycles de conception, de développement, de test et d’ajustement. Cette approche permet d’adapter en continu l’offre aux besoins du marché, garantissant réactivité et pertinence.
Le manager de transition joue un rôle clé dans la transformation organisationnelle en conciliant vision stratégique et actions opérationnelles. Il se concentre sur des objectifs à court terme, tout en soutenant les équipes et en stimulant leur engagement pour assurer la performance. Par une analyse rigoureuse, il aide à convertir l’incertitude en opportunités, faisant du VUCA un levier d’innovation et de différenciation compétitive.
Je souhaite plus d’agilité pour surfer sur la vague VUCA, je contacte Cahra.
L’approche incrémentale
Cheminer dans un monde VUCA, c’est trouver l’équilibre entre l’immobilisme et la révolution. La prudence, le respect et l’humilité sont trois atouts majeurs pour manager. Avec l’approche incrémentale, les entreprises créent l’avenir qu’elles souhaitent au lieu de subir un futur imposé. En effet, les problèmes les plus complexes sont mieux résolus en organisant une série de petites victoires accessibles. Leur succession constitue un socle solide, qui se forge progressivement, limitant les risques, dissuadant les opposants et ralliant les indécis en faveur du changement.
Miser sur l’humain, accepter l’incertitude et conduire le changement
En 2022, Emmanuel BUÉE, fondateur de CAHRA, insistait déjà sur la nécessité d’accepter le changement, car il est inéluctable. Les organisations doivent se soustraire à la peur de l’avenir pour gagner en agilité. Cahra propose de miser sur l’humain : les hommes et les femmes présents dans l’entreprise. Créer un climat de résilience permet de booster les performances tout en évitant de répéter des dysfonctionnements.
La folie, c’est de se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. Albert Einstein Faire plus de ce que l’on fait déjà, donne plus de ce que l’on a déjà. Claude Bouyer, Cahra |
L’aptitude au changement représente la clé du management de demain. Se référer aux méthodes du passé amène peur et incertitude. Le management innovant enrichit intellectuellement et crée des opportunités. Engager ses capacités cognitives, utiliser son intelligence émotionnelle et systémique, travailler sur les victoires passées sont autant d’outils pour un futur joyeux et efficient. C’est la raison pour laquelle nous formons nos managers à ces techniques.
Le monde VUCA est désormais la réalité quotidienne de l’économie du XXIe siècle. Le management innovant est une des armes stratégiques les plus redoutables. Les organisations agiles au processus décisionnel adapté et qui impliquent leurs équipes prennent de facto une longueur d’avance sur leurs concurrents.
Je souhaite offrir cet avantage majeur à mon organisation, je contacte Cahra.
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