Surcharge de travail : près d’1 salarié sur 2 en alerte
Les résultats de la 14e édition du baromètre de Malakoff Humanis mettent en lumière une tendance à la dégradation de la santé mentale des salariés. Plusieurs facteurs sont impliqués, dont un décalage entre la charge de travail et les capacités des collaborateurs pour la supporter. Si des mesures en faveur de la gestion du stress et des priorités se révèlent utiles, elles ne doivent pas faire l’impasse sur une réflexion en profondeur concernant l’organisation du travail.
Troubles du sommeil et insomnies, fatigue chronique, troubles anxieux, épuisement professionnel… D’après le baromètre 2023 « Santé des salariés et qualité de vie au travail », basé sur une enquête auprès de 3 500 salariés des secteurs public et privé, 44 % des femmes estiment avoir une moyenne, voire une mauvaise santé mentale – une proportion qui concerne un tiers de leurs homologues masculins.
En cause, des difficultés dans la vie personnelle (évoquées par un tiers des répondants déclarant un état de santé mentale fragile), des problèmes professionnels pour un deuxième tiers, ou une combinaison des deux pour les derniers. Si l’on s’intéresse aux motifs professionnels, plusieurs explications sont mises en avant. Premier facteur : l’intensité et le temps de travail (62 %), devant les conflits internes (40 %). Les craintes liées à une surcharge de travail, en raison de sous-effectifs, touchent près d’un salarié sur deux.
Santé mentale altérée : un impact négatif sur la performance au travail
Ils sont aussi nombreux à déplorer des difficultés dans la gestion de leur charge et de leur temps de travail – en particulier les managers, les cadres et les moins de 30 ans. Deux indicateurs, en constante progression depuis dix ans, sont particulièrement alarmants : près d’un salarié sur trois travaille de plus en plus souvent à la maison, en plus des horaires de travail (+ sept points depuis 2013), tandis que près de deux salariés sur cinq consultent leurs mails en dehors du travail (+ 19 points). La démonstration d’une frontière de plus en plus poreuse entre vie personnelle et vie professionnelle.
Or les conséquences d’une santé mentale dégradée dépassent la sphère individuelle pour concerner l’organisation tout entière. Ainsi, 70 % des salariés concernés estiment que cela nuit à leur travail. Comme l’explique Anne-Sophie Godon-Rensonnet, directrice des services et du département études et recherches sur la performance sociale des entreprises chez Malakoff Humanis, dans la présentation du baromètre, « la santé des salariés est plus qu’un enjeu légal : elle questionne notamment les politiques RSE des entreprises mais c’est leur performance qui est également en jeu. La santé de l’entreprise est liée, sans conteste, à la santé de ses salariés. »
Des salariés en attente de dispositifs de prévention
C’est d’ailleurs le sens de la définition de la santé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».
Pour aligner efficacité organisationnelle et QVT, performances business et bien-être mental des collaborateurs, les entreprises doivent redoubler d’efforts, en mettant en place plusieurs dispositifs complémentaires. La priorité est sans doute de renforcer la sensibilisation interne, notamment en direction de la ligne managériale, avec des programmes permettant à chacun de comprendre et de détecter les situations de fragilité, via des conférences ou ateliers, etc. Il s’agit, avant tout, de démontrer que la santé mentale est une réelle préoccupation de l’employeur. Le baromètre de Malakoff Humanis lève aussi le voile sur les services attendus par les salariés : par exemple, bénéficier de séances de téléconsultations avec un psychologue ; accéder à des approches permettant de mieux gérer le stress, comme la méditation, le yoga ou la sophrologie ; ou encore, recevoir des informations dédiées à la santé mentale (articles, podcasts…).
Vers un meilleur alignement entre charge de travail et ressources cognitives
Plus largement, c’est une réflexion en profondeur sur les modalités d’exercice du métier et d’organisation du travail qui mérite d’être initiée. Comme le rappellent les fondateurs de CogX, agence de conseil basée sur les apports des neurosciences, dans une récente tribune – publiée en réaction aux résultats du baromètre –, notre cerveau, et donc nos ressources cognitives, ne sont pas adaptés au multi-tâches, à l’ultra-réactivité, à la pression constante, à une charge de travail qui ne laisse pas de place à la concentration. D’où un épuisement, lié à des efforts souvent inutiles et fréquemment répétés.
La préservation de la santé mentale des collaborateurs passera donc, avant tout, par la limitation de la surcharge cognitive – et du surtravail plus globalement.
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